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Bien évidement, je ne considère pas que Dieu-Père est un père biologique … encore qu'étant créateur, il en est la source.

Luc se référant à ce qu'on lui a dit est donc une source secondaire : c'est Marc qui est la source primaire. Ce que je voulais souligner est la différence d'expression entre Jean et Marc ou Matthieu : je dois dire que le premier me séduit plus que les deux autres, mais peut-être faut-il incriminer les traductions successives qui peuvent déformer le sens initial …

Je suis face à un dilemme : soit Jésus est pleinement homme (ce que je crois) et il lui faut alors le nombre de gènes de tout humain reçus par moitié d'une femme et d'un homme dont le chromosome Y qui marque un mâle et ne peut être transmis que par un mâle qui est le père biologique … mais alors d'où vient ce complémentaire de Marie : s'Il ne l'a pas reçu, il n'est pas pleinement homme.

Faut-il imaginer que Marie a fabriqué cette partie manquante : un spermatozoïde Y ? Après tout, pourquoi pas : la vie est tellement surprenante ? Mais alors quel est le rôle du Saint-Esprit ? Je pousse la raison à ses limites … qui est celles de la théologie.

Incidemment, je remarque (sauf erreur de ma part) que Jésus n'a pas parlé de sa conception et que Matthieu le fait en écho à une prophétie … aurait-il écrit, pour mieux convaincre ses interlocuteurs juifs, ce qui lui paraissait plausible : naitre d'une vierge ? Mais il y a aussi Marc …

Ajoutons que Marie dit "Je ne connais pas d'homme" ce qui n'engage pas l'avenir. En outre, pourquoi aurait-elle dit cela puisqu'elle était fiancée ?

Dieu a réalisé une fantastique création raisonnable puisque son fonctionnement et son évolution sont, petit-à-petit, accessibles à notre raison. Je ne doute pas qu'Il puisse faire ce que bon lui semble, mais je ne crois pas qu'Il en profite à mauvais escient.

Quelle différence, y aurait-il, à considérer que la virginité de Marie est symbolique, comme l'église a fini par admettre que le texte de la Genèse n'est pas historique (mais continue trop souvent d'en parler comme s'il fallait la croire stricto sensu … ) ?

Encore une fois comment Jésus peut-il être pleinement homme s'il n'a pas un génome humain complet ? La foi doit être compatible avec la raison : soit le concile s'est trompé et Jésus n'est pas un homme complet au sens biologique du terme soit il faut une explication … laquelle ? Je ne mets pas en cause la bonne foi de Marc ou Matthieu ou des Pères du concile, mais ils raisonnaient avec les connaissances de leur époque.

Les études décèlent nombre d'échos de l'AT dans le NT (dénommés typologie ou intertextualité !) : montrer qu'un évènement vécu par Jésus, avait été annoncé par des prophètes : "selon les écritures".

Ne peut-on imaginer que Matthieu, convaincu que Jésus est le Messie, ait cru qu'il avait forcément satisfait tous les signes avant-coureurs qui figurent dans l'AT ; une intertextualité inversée. Il aurait alors introduit dans le NT ces signes prémonitoires comme ayant été vécu au temps de Jésus. Un exemple : un fils naitra d'une vierge ?

Pour être plus précis, je ne serais pas surpris que Matthieu, convaincu que Jésus est le Messie en déduit qu'Il devait avoir satisfait aux prophéties le concernant et en arrive à reconstituer sa conception d'une manière qui lui parait logique … pour être conforme aux écritures que connaissent les interlocuteurs qu'il veut convaincre. Sans compter que des historiens considèrent que les évangiles de l'enfance sont des rajouts … Mais il y a toujours Marc … quoique cet Evangile aurait été rédigé par des proches de l'apôtre et non par lui-même !

On peut aussi noter que des premiers chrétiens ont cru à ce qui est rapporté dans les évangiles apocryphes … Cela signifie que, malgré la qualité des mémoires d'alors, des fables pouvaient s'introduire dans l'histoire : pourquoi les évangiles canoniques en seraient-ils totalement protégés ? On n'est plus au temps de "c'est parole d'Evangile" …

Ces rapprochements, pas toujours évidents, ressemblent aux midrashs des rabbins … mais eux attendent toujours le Messie.

Il est des questions qui n'ont pas de réponses accessibles (origine de la création, l'au-delà, … ) qui sont du domaine de la foi. Il en est qui relèvent de l'histoire, mais dont le temps a effacé le souvenir précis qui pourtant fut. Les deux interrogations ne sont pas du tout du même ordre …