La synodalité vise, en particulier, à mieux définir la répartition des pouvoirs, ou plutôt d'abord des responsabilités entre le magistère, les clercs et les laïcs.
Il faut pour cela appliquer le processus de définition d'une organisation à mettre en place en tenant compte des leçons du management. Pour ma part, je distingue différents types de pouvoirs suivants découlant de la responsabilité à assumer :
Orienter : Fixer les axes prioritaires qui guideront le choix des décisions. Engage la hiérarchie émettrice à respecter les décisions qui y seront conformes.
Aviser : Le décideur est tenu de consulter celui qui est doté de ce pouvoir. Les experts sont souvent dans ce cas.
Recommander : S'efforcer de trouver des idées pertinentes à présenter de soi-même à celui qui devra décider. Ce dernier se doit de les prendre en compte.
Conseiller : Répondre à une demande d'un décideur qui ne pose la question que si bon lui semble. Le conseilleur doit chercher à élaborer une solution adéquate.
Décider : Choisir parmi les solutions plausibles celle sur laquelle les efforts seront focalisés. Cette décision doit être conforme à l'orientation ci-dessus … ce qui limite la liberté du décideur qui doit être le plus pertinent et non automatiquement le hiérarchique le plus élevé.
Exécuter : compte tenu des moyens alloués et de la décision, faire (ou faire faire) ce qu'il convient pour atteindre le résultat. Deux nuances :
conduire : animer une tâche d'exécution en étant le supérieur hiérarchique de ceux qui font le travail,
piloter : animer une tâche d'exécution sans être le supérieur hiérarchique de ceux qui font le travail.
Réguler : Contrôler l'avancement du chantier avec deux types de pouvoir en cas de dérive par rapport au prévu.
alerter qui de droit,
prendre les mesures correctrices puis alerter.
Je recommande de commencer par définir les responsabilités du magistère puis de laisser les collaborateurs exprimer celles d'entre elles qu'ils se sentent capables d'assumer puis, si elles sont jugées raisonnables, leur accorder les pouvoirs correspondants.
Protestants / Catholiques
Détails
Version n° 5 du 23-03-2024
C'est sans doute caricatural, mais si les protestants veulent s'en tenir strictement à ce qui est écrit dans la Bible, ils sont amenés à valider les paradigmes des juifs de l'Ancien Testament et les "ajustements" ou "erreurs" que les évangélistes ont probablement introduit dans les évangiles pour renforcer leur argumentation (Matthieu ? ) ou introduire un peu de merveilleux (Luc ? ).
Pour les catholiques, donner plus ou moins "force de loi" à la tradition, c'est faire confiance à ce qui relève peut-être un peu trop d'une imagination romantique.
Il est indispensable de prendre en compte le passé (tradition et écriture) qui forment des racines, mais sans fermer la porte aux lumières que le Paraclet continue de suggérer : les révélations faites par Jésus (comme l'AT ou le Coran ou les textes fondateurs de bien d'autres religions) sont parfois énigmatiques et l'Esprit continue de les éclairer progressivement. Il faut chercher le juste milieu entre les approches dogmatiques des uns et des autres.
Thomas d'Aquin n'a pas assez pris en compte le monde du "peut-être" en restant au principe de causalité.
Premiers siècles
Détails
Version n° 8 du 13-10-2024
Il me semble qu'à partir du moment où les chrétiens n'ont plus été persécutés, ils ont multiplié les discussions annexes à la proclamation de l'Evangile lui-même. Par exemple les thèmes des premiers conciles.
J'imagine que la production écrite s'est alors développée et je me demande si des dimensions merveilleuses n'ont pas été rajoutées … cela paraissait sans doute tomber sous le sens.
La Tradition est presque toujours présentée comme basée sur les Ecritures et le Magistère. Pourquoi n'évoque-t-on pas explicitement le Sensus fidei sinon comme une ancienne coutume ?
Je découvre l'expression : La force motrice de ce progrès (la manière d'exprimer un dogme) est l'Esprit Saint qui nous introduit dans la vie toute entière (Jn 16,13), tel qu'il parle à travers le Magistère de l'Eglise, appuyé sur le Sensus fidei. Dans la pratique, le sensus fidei est sérieusement second, pour ne pas dire négligeable, et pourtant nombre de laïcs ont des compétences équivalentes à celle des membres du Magistère … qui n'a pas toujours fait preuve d'une clairvoyance bien fameuse !
Cléricalisme
Détails
Version n° 8 du 13-10-2024
Je pense y avoir beaucoup échappé, car j'ai surtout évolué dans des organismes dans lesquels ce n'était pas le prêtre qui était le chef !
Cela a été le cas du scoutisme ou des lycées, facs avec des aumôniers, des monastères avec des cellériers assez autonomes. J'ai peu milité au sein de paroisse et lorsque cela s'est produit, lors de mon doctorat, c'était dans une particulièrement rétrograde dont le curé portait le rabat à la française et parlait du gamin Paul (le pape !). La mission confiée à notre couple consistait à recevoir des fiancés … pour uniquement les conseiller sur leur liste de mariage et leur indiquer combien il fallait donner pour la cérémonie (autant que pour les fleurs). Pour moi, en outre, je faisais la quête ! L'étonnant, avec du recul, c'est que je trouvais être sous-employé sans que cela me choque outre mesure … tout en trouvant que c'était du gâchis (l'acceptation d'une humilité de façade ?)
Le cléricalisme puise ses racines d'abord dans la culture patriarcale qui ne concerne pas que l'église. Dans le cas de la France, il a été renforcé par son organisation prérévolutionnaire en trois ordres qui séparait le clergé du bon peuple alors très peu éduqué. Enfin, au XIXe, dans beaucoup de village, les "savants" étaient l'instituteur et le curé : ils étaient les conseillers naturels en cas de problème.
Cette position dominante s'est trouvée renforcée par la tendance du Vatican à vouloir décider de tout ce que les fidèles devaient faire (la pratique devenait presque une fatalité) et par les pouvoirs (pas vraiment encore modifié aujourd'hui) sans opposition dont se trouvaient dotés curés et évêques.
Eglise faillible
Détails
Version n° 5 du 20-03-2024
La vague d'abus sexuel qu'a connu l'église a été le fait d'individus (prêtres, religieux, … ) que leur hiérarchie (évêques, supérieurs, … ) n'a pas su gérer, mais l'organisation ecclésiale n'a jamais approuvé ces comportements. Elle a failli par abstention … ce qui reste une faute.
Dans le cas de la colonisation (dont les pensionnats canadiens, les conquistadors, la controverse de Valladolid), l'église a, sauf erreur de ma part, approuvé l'idée d'imposer la civilisation européenne, voire de procéder à des conversions forcées. Ceux qui ont mis en œuvre ces décisions n'ont été que des exécutants.
Ces faits montrent que les plus hauts responsables de l'église peuvent collectivement se tromper : ils ont confondu civilisation et religion. Cette faiblesse ne s'exprime-t-elle pas lors des conciles puisqu'ils ne se concluent jamais à l'unanimité des votants ? C'est une belle illustration en négatif du degré de liberté que Dieu attribue aux hommes en expression de son amour.
L'église a trop souvent présenté comme des absolus des affirmations qui relèvent de la foi et non de la certitude.