Eglise
Conciles
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- Version n° 6 du 13-10-2024
Il se dit que les évêques et donc les pères conciliaires bénéficient d'un charisme particulier leur permettant de discerner la vérité avec certitude. C'est sujet à discussion puisque l'unanimité est plus que rare lors d'un concile : ceux des pères conciliaires qui sont opposés à la conclusion seraient-ils sourds ou rebelles à l'Esprit ?
L'intelligence collective d'un Concile diminue certes le risque de se tromper, mais ce n'est pas une certitude, sinon où serait la liberté de ses membres ? Une majorité ne fait pas forcément une vérité, mais on peut en faire une recommandation … qui pourra être, ultérieurement, reformulée lorsque des faits nouveaux surgissent. Il serait sage de commencer toute affirmation par : dans l'état actuel de notre compréhension …
Les conclusions d'un concile sont le fruit de compromis non seulement entre des nuances théologiques, mais aussi avec les pouvoirs politiques du moment, que ce soit Constantin ou Charlemagne ou Charles Quint vs François Iᵉʳ et successeurs. Elles sont exprimées en termes parfois fort violents (anathèmes) qui semblent peu évangéliques …
Vouloir apporter, par la tradition, des réponses certaines à des questions indécidables est sécurisant pour certains fidèles, mais peut provoquer des haussements d'épaules chez bien d'autres. Accepter l'incertitude est moins sécurisant, mais plus digne de notre liberté.
Vatican II, sans le dire explicitement, a remis en question ce type d'affirmations à partir de l'expression "hors de l'église, point de salut". Elle est apparue au milieu du troisième siècle et a été reprise, dogmatiquement, par le concile œcuménique de Florence en 1442 dans une formule qui envoie dans le "feu éternel" tous ceux qui se trouvent en dehors de l'Eglise catholique ! Des arguties ont cherché à la nuancer jusqu'à ce que Vatican II précise que, parce que la vérité du Christ éclaire tout homme, même sans qu'il le sache, l'appartenance à l'église n'est plus la condition du salut, mais qu'il lui reste "ordonné" (ce qui veut dire : dépendant, subordonné, lié).
Je ne peux pas croire que bien des clercs ne savent pas qu'ils affirment parfois une vérité pas tout à fait exacte. Ainsi, lors d'une intervention sur un forum d'un MOOC sur Jésus, je me suis vu expliqué par les intervenants (un évêque et une vierge consacrée) qu'il ne fallait pas risquer de perturber les auditeurs par des remarques du type ci-dessus … et pourtant la majorité d'entre eux était des catéchistes et donc réputés incapables de supporter la vérité !
Crise de l'église en 2019
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- Version n° 7 du 13-10-2024
Un questionnaire, en forme de témoignage, auquel j'avais répondu;
L’Église catholique vit un moment particulier de son histoire. Comment le qualifiez-vous
L'église traverse une crise, mais elle en a connu bien d'autres : outre les hérésies des premiers siècles, les fantaisies des Borgia & Co, la royauté de Droit Divin, … . Elle avait l'habitude de "diriger" un peuple peu instruit qui suivait les "élites" sans se poser trop de question : le contexte a changé … au moins dans les pays développés. L'église doit revenir à l'essentiel du message de Jésus et le reformuler dans des termes d'aujourd'hui en sortant d'un jargon rempli de royauté.
Quels événements de ces derniers mois vous ont particulièrement marqués ?
Les abus sexuels ne m'ont qu'à moitié surpris, mais le pape m'a ouvert les yeux sur le cléricalisme : bien que de tempérament sérieusement attaché à ma liberté, je n'en avais pas pris conscience … Il est vrai que les circonstances ont fait que je n'ai jamais connu et donc souffert de l'autoritarisme d'un curé.
Avez-vous le sentiment qu’il est difficile de se dire catholique en ce moment ?
Non ! C'est l'hypocrisie qui est rejetée.
Ces événements ont-ils changé votre regard sur l’Église, vos engagements, votre soutien ?
Non ! Si je veux que l'on accepte mes limites, je dois accepter les faiblesses des autres …
Ces événements ont-ils changé vos rapports avec les prêtres que vous connaissez, les évêques, le pape ?
Non. J'ai des nombreux ami(e)s moines ou moniales ainsi que quelques prêtres diocésains : je les connais assez pour continuer de leur faire confiance … raisonnablement, car je connais leurs limites … qui ressemblent aux miennes !
Dans cette période troublée, à quoi vous raccrochez-vous ?
A l'essentiel du message de Jésus : Dieu est Père dont émane de l'Amour et nous ressusciterons en continuant de vivre. L'église a rajouté beaucoup de stuc autour …
Avez-vous trouvé des lieux où vous pouvez parler avec d’autres de ce que vit l’Église actuellement ?
Oui. Essentiellement dans les forums de MOOC des Bernardins.
A quelle échelle, selon vous, est-il le plus urgent d’agir pour faire évoluer les structures et les fonctionnements de l’Église : au plan universel ? au plan diocésain ? au plan local ?
Aux trois en y rajoutant le niveau individuel par l'éducation certes au dogme ou à la doctrine, mais surtout au libre arbitre … éclairé !
Et vous, personnellement, que pouvez-vous faire pour contribuer à « réparer l’Église » ? avez-vous déjà commencé ?
Répondre à votre enquête (!) et aborder paisiblement le sujet des abus lorsque l'occasion se présente.
Quels sont les trois chantiers prioritaires, selon vous, pour l’Église ? Quelles propositions concrètes avez-vous déjà mises en place ou voudriez-vous mettre en œuvre pour « réparer » l’Église ?
Dégager la doctrine des fatras que l'histoire y a rajouté.
Considérer le peuple comme un ensemble de personnes responsables aussi lucides que le clergé.
Puiser dans les autres croyances ce qu'elles ont mieux perçues que nous.
Ce sont des tendances à long terme qui n'empêchent pas de soigner les abcès actuels.
Que voudriez-vous dire aux responsables de l’institution ecclésiale ?
Revenez au sens de l'Evangile et moins au décorticage des mots pour leur donner des significations extrapolées. Admettez que nombre de questions existentielles n'ont pas de réponse certaine : inutile d'essayer d'y répondre par un dogme (il n'y a pas d'amour sans respect de la liberté de l'autre) Dieu nous Aime, Il ne veut pas nous imposer sa vérité, Il doit nous laisser dans l'incertitude … ce qui ne nous empêche pas de forger des convictions … éventuellement très fortes.
Malaise de l'église
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- Version n° 4 du 02-10-2024
On constate une désertion des église le dimanche. Pourquoi ?
Je ne pense pas que les fidèles aient perdu la foi (les crises ont pu, au contraire, pousser à réfléchir à l'essentiel), mais il y a eu une prise de conscience que la manière dont l'église présente son message n'est plus pertinent dans les pays développés.
Ce décalage se situe aussi bien dans la forme que dans le fond.
- Sur la forme, la liturgie n'a pas vraiment évoluée depuis les siècles de l'église triomphante. On est passé d'assister à participer, le latin a été abandonné, mais le vocabulaire a peu changé. On est resté dans un cérémonial inspiré des signes de déférence rendus aux souverains.
Comment la faire évoluer pour que les jeunes y trouvent la joie des rencontres lors d'un concert de rock ou … des JMJ ? - Sur le fond, la croissance culturelle de beaucoup dans le monde développé entraine leur capacité critique. Des affirmations approximatives ou peu compatibles avec les données de la science et de la philosophie ne passent plus.
Des dogmes sont exprimés en termes trop flous : on met un mot sur un mystère sans en donner le sens (génère, procède, Tradition, ex cathedra, … ). D'autres sont triturés pour les rendre compatibles avec les découvertes de la raison (péché originel et premier homme, conception virginale et vrai homme, immaculée conception et liberté en absence de concupiscence, … ).
Il est clair que les abus sexuels de prêtres doivent être dénoncés et réparés … autant que faire se peut, mais c'est un phénomène qui concerne toutes les organisations de la société. C'est une étape vers une plus juste appréciation de la vérité par la collectivité : un pas vers l'amorisation qui demande le respect de l'autre. La crise de l'église est plus profonde : son "marketing" n'est plus pertinent pour la couche la plus cultivée de la population.
L'importance accordée à l'étude de la Bible me paraît abusive (surtout l'AT) car s'il est intéressant de découvrir comment l'Esprit a permis au peuple juif de faire évoluer petit à petit sa conception de la divinité, il s'agit du passé alors qu'il faut une église tournée vers l'avenir. Il faut partir de notre compréhension d'aujourd'hui pour chercher à découvrir de nouvelles facettes de notre Dieu Trinité dont émane de l'Amour que tout homme est appelé à partager par sa divinisation. Ce discours à partir de l'Amour peut s'adapter à tous les publics pour concevoir une formulation adaptée aussi bien à une piété populaire qu'à une frange plus instruite et capable d'une approche plus conceptuelle.
Professionnalisme du clergé …
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- Version n° 2 du 02-10-2024
Du rapport de la CIAS, on peut conclure que le management par nombre d'évêques aussi bien de leurs prêtres que des scandales sexuels ou que des victimes relèvent d'un grand amateurisme : ce fier à son seul jugement personnel … semble-t-il.
Les mesures d'organisation et gestion financière de la curie prises par le pape François montre aussi que précédemment, on était dans un monde d'un autre âge.
Personnellement, cet amateurisme organisationnel, je l'ai vécu :
- Lors d'un séminaire "management" organisé pour des abbés et abbesses, lorsqu'un d'entre eux s'est étonné que la décision ne doive pas toujours être prise par le plus "gradé", mais par le plus pertinent : ce fut l'occasion d'expliquer que le rôle de l'abbé est de choisir "l'orientation générale" à charge pour le collaborateur de choisir à son tour avec cette contrainte.
- A deux reprises, je suis intervenu pour dénouer des relations difficiles entre des moniales : la cause en était une non-définition des responsabilités de chacune.
Au plan économique, j'ai souvenir :
- D'une économe qui sentait qu'il y avait un problème, mais n'avait pas identifié que les dépenses du couvent étaient supérieures aux recettes et que les économies étaient donc en train de fondre.
- Avec un groupe de cellériers du même secteur industriel, il a fallu plusieurs années pour réussir à leur faire comprendre que, vu leur taille, ils n'étaient pas concurrents et avaient intérêt à tout partager technique et financier. Alors que, au départ, la majorité était déficitaire, au bout de quelques années, ils présentaient tous des résultats financiers plus que satisfaisant ?
Demander aux responsables de se former au management ne serait pas un luxe.