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C'est à partir de notre propre histoire que l'on imagine ce qui se trouve au-delà des mots d'un texte : on les comprend à sa façon.

Les évangiles ont été rédigés, quelques dizaines d'années après les faits (avez-vous une idée bien assurée de ce que vous faisiez il y a 50 ans ?). Leur expression est compliquée par un discours prononcé en araméen, écrit en grec, puis traduit en latin, enfin lu en français, suivi des ajouts de la tradition orale avec ses déformations et des erreurs ou enjolivures des copistes successifs … joyeux problème de communication ! On arrive à des interprétations plausibles qui n'empêchent pas la prudence quant à leur vérité absolue.

Il existe une série d'autres évangiles qui racontent la vie de Jésus, mais qui présentent des différences significatives dans les faits rapportés. C'est devant cette prolifération que l'église a décidé de faire un tri en classant apocryphes (Jacques, Barnabé, … ) en particulier ceux qui semblaient avoir ajouté du merveilleux à la réalité. Elle a déclaré “authentiques” les quatre qui étaient les plus usités, mais cela ne garantit pas qu'ils ne contiennent pas aussi quelques erreurs et ajouts créatifs. Comme l'Ancien Testament, mais avec moins d'incertitudes, on ne peut les prendre pour historiques à cent pour cent … ce n'est d'ailleurs pas leur objectif.

Je pense que Jean est le plus proche de ce Jésus a voulu faire comprendre, mais qu'il l'a traduit avec ses phrases et ses mots, même quand il les Lui a attribués. Matthieu, pour convaincre des juifs, a souligné les concordances avec l'Ancien Testament, mais faut-il toujours le croire ? Marc, compte tenu du tempérament de Pierre, ne doit pas avoir inventé grand-chose : il est très factuel. Luc précise qu'il a compilé ce qu'on lui a dit.
Même dans ces textes, on ne peut plus considérer qu'ils sont "paroles d'Evangile" : leurs auteurs ont gardé leur liberté … de se tromper sur des points le plus souvent mineurs : il faut en retirer la substantifique moelle.